J’ai vu V, vendredi. Ma tante de coeur. Grande amie de ma mère. Elle passe chez moi, on boit quelques bières et j’étais si mal que je lâche TOUT concernant ma relation actuelle avec ma mère. Elle hallucine. Me rassure sur le fait que je ne suis pas folle. Elle en est d’ailleurs presque remontée contre ma mère. Elle est transparente avec moi : ce que tu me confies, reste entre nous, toujours.
Elle n’avait pas non plus tous les tenants et aboutissants de l’histoire avec D. Qui a bien contribué à foutre le bordel pour le coup.
D. Est un acteur important dans la nouvelle vie de ma mère, dans sa reconstruction. Un « ami ». Ami qui, d’après elle, n’est pas toujours si amical et se plaît parfois à tenter l’ambiguïté avec elle. Je comprends qu’elle n’est pas tout à fait insensible sans qu’elle le dise.
Je le rencontre cet été, au détour d’un apéro, suivi d’une bouffe avec ma mère, à la maison. Bel homme, charismatique. Énigmatique, intéressant. Barré dans le son. Milieu dans lequel il est brillant. Un moment très sympa.
Quelques jours plus tard, ma cousine et ses amis viennent passer quelques jours de vacances à la maison. Ma mère nous laisse la place. Elle a pris ses vacances à cette période pour laisser la maison (familiale) à la famille pendant l’été.
Je reçois un mail de D. Il m’envoie un lien et me propose d’aller à un festival dans le coin dans les jours qui suivent. Je ne réponds pas tout de suite et puis j’oublie.
Quelques jours plus tard, je quitte le village et pars en vadrouille ailleurs. Je fini par lui répondre en m’excusant du retard de réponse. On échange quelques banalités et là, ça change de registre. « J’aimerai te dire quelque chose, mais je n’ose pas ». Bien sûr, j’ai tout de suite compris. J’envoie son message à mère en rigolant : « eh dis donc, il veut me pecho ton pote ou quoi ? ». Ça me fait fait rire. Elle pas tellement. Je lui tire les vers du nez pour que ce soit écrit et concret. « Tu me plais ». C’est lâché. Ma mère est remontée. Presque outrée. Sûrement vexée. J’en rigole et tente de dédramatiser : écoute, c’est cocasse, t’es peut être pas obligée de couper les ponts, mais au moins tu sais à quoi t’en tenir avec lui ! Ça semble clair pour toutes les 2 que ce mec là est très sympa, mais qu’il est préférable de le tenir à distance.
Je reviens 2 mois après pour ces fameux 10 jours de calvaire et de conflits avec ma mère.
Je comprends que D. a une nouvelle importance. J’ignore si c’est de l’ordre amoureux. Je suis claire d’entrée : « je serai sympa si on le croise, par contre, l’inviter à la maison pour une bouffe, c’est non ». Elle ne comprend pas. Comme si rien ne le justifiait. Notre accord naturel sur le sujet D. ne tient soudainement plus. Il me semble pourtant clair et évident que je suis mal à l’aise à l’idée d’être autour d’une table avec un mec qui tente de séduire ma mère depuis quelques mois et qui est aussi intéressé par moi.
J’ai dû presque m’en justifier pendant 10 jours alors que j’ai l’impression que ma position est normale.
Je l’ai sentie frustrée de ne pas pouvoir voir D. Comme elle l’entend. Une réflexion : « en fait quand tu es là, il faut que j’arrête tout et que je me coupe de tout mon quotidien c’est ça? Je ne peux même pas voir qui je veux »
On a pourtant (aussi) passé de très bons moments, pris des apéros un peu à droite à gauche avec son « quotidien » pendant ces 10 jours, on a dansé aux fiestas estivales du village, passé des après midi à se balader, ramasser des champignons, des châtaignes, bricoler. Mais non. L’important finalement, c’était qu’on passe du temps avec D. Rien d’autre.
« En fait, le jour où je rencontrerai un homme il faut absolument qu’il te plaise sinon c’est mort, c’est ça? »
Frustrée au point de dire des conneries aussi grosses. Ma mère. Pourtant si censée, réfléchie et pragmatique habituellement.
Non maman, n’importe qui, sauf un mec qui essaye de me pécho. Ça me semble être la première base saine.
Et je me retrouve inquiète. Et en colère qu’elle soit soudainement si bancale et amourachée d’un homme si dangereux. Je comprends qu’elle tente de se retrouver. Elle a passé 30 ans avec mon père et soudainement se retrouve seule. Elle n’est plus seulement la compagne de quelqu’un et n’est plus seulement mère. C’est une femme. Elle a pris le cap d’un changement de vie, d’environnement et tente de s’y ajuster en se raccrochant à ce qu’elle peut. Et QUI elle peut.
Juste après que j’ai tout raconté à V. elle me lâche un « tu sais, je n’ai pas vraiment de détails, mais de ce que j’ai cru comprendre, ils sont plus ou moins ensemble depuis peu. Ça reste entre nous.»
Ok. C’est dit. Je n’ai plus qu’à l’accepter. Étrangement je ne le prends pas si mal. Peut être parce que je l’ai compris depuis un moment. Dans tous les cas, je lui ai partagé mon opinion. Je n’ai pas le pouvoir de changer la situation.
Depuis, elle m’a téléphoné hier. On a discuté 1h, de tout et de rien. Pas de D.
C’était fluide, simple et agréable. Ça m’a fait du bien. Je pense qu’à elle aussi. On s’est retrouvées, l’espace d’un moment, comme avant. Étrangement, toute ma rancoeur semble s’être envolée depuis. Pour combien de temps, je l’ignore. Mais je prends.